- monomanie
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monomanien. f. PSYCHOPATHOL Altération partielle de la raison, caractérisée par la divagation sur un seul sujet.⇒MONOMANIE, subst. fém.A. — PSYCHIATRIE., vieilli. [Correspond à manie A 3] Délire caractérisé par la fixation de l'esprit sur un objet unique (comportement, tendance ou idée). Papavoine fut admirablement défendu par Me Pailliet, dont le plaidoyer avait pour but de prouver la monomanie de son client ([L'HÉRITIER], Suppl. Mém. Vidocq, t.2, 1830, p.273). Il avait déjà cinquante-neuf ans. À cet âge, l'idée qui le dominait contracta l'âpre fixité par laquelle commencent les monomanies (BALZAC, Rech. absolu, 1834, p.249). Moreau (de Tours) remarquait déjà qu'il [le sentiment de division, de dédoublement] est fréquent dans les monomanies (JANET, Obsess. et psychasth., 1903, p.312).B. — P. ext.1. [Correspond à manie B 1] Passion concentrée sur un seul objet. Synon. idée fixe, obsession. L'idée de réussir, de voir toute sa famille arriver à la fortune, était devenue une monomanie chez Félicité (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p.96). Vous êtes heureusement pauvres et n'êtes pas par conséquent agités de la monomanie de bâtir des palais et d'acheter des parcs (HUYSMANS, Oblat, t.2, 1903, p.213):• ♦ Tous les sentiments généreux, chevaleresques, idéaux, en dehors du bon sens et de l'intérêt, disparaissant de ce monde par la spéculation et la monomanie d'enrichissement, il ne restera plus pour levier aux volontés que des sentiments matériels de bon sens et de positivisme.GONCOURT, Journal, 1860, p.824.2. [Correspond à manie B 2] Goût excessif pour quelque chose, habitude bizarre, agaçante, irritante. J'ai été à Paris (...) j'y ai vu tous mes amis (...) Henri Heine, qui tombe dans la monomanie du calembour (SAND, Corresp., 1836, p.360). Qu'es-tu et qui es-tu, insupportable bavard, qui as la monomanie des fustigations inutiles et des admonestations sans résultat? (AMIEL, Journal, 1866, p.459).REM. Monomaniser (se), verbe pronom., hapax. [Correspond à supra A] Sombrer dans la monomanie. Je ne veux pas citer ici des noms, il suffit de dire que l'œil de la plupart d'entre eux [peintres d'intérieur et de genre] s'était monomanisé; celui-ci voyait du bleu perruquier dans toute la nature (...); celui-là voyait violet; terrains, ciels, eaux, chairs, tout avoisinait, dans son oeuvre, le lilas et l'aubergine (HUYSMANS, Art mod., 1883, p.106).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1814 psychopathol. (Dictionnaires des sciences médicales, s.v. démence, t.8, p.283 ds HOFLER Neulat., p.22, note 37). Formé, par J.-E.-D. Esquirol (cf. HOFLER. loc. cit), du gr.
, v. mono- et
, v. -manie. Fréq. abs. littér.:57. Bbg. QUEM. DDL t.13.
monomanie [mɔnɔmani; monomani] n. f.❖♦ Psychiatrie. (Vx). Délire partiel, psychose limitée à un seul ordre de faits. ⇒ Manie.1 Il avait déjà cinquante-neuf ans. À cet âge, l'idée qui le dominait contracta l'âpre fixité par laquelle commencent les monomanies.Balzac, la Recherche de l'absolu, Pl., t. IX, p. 588.♦ Cour. et vieilli. Idée fixe, obsession.2 On retrouve dans l'ouvrage et dans les notes qui l'accompagnent cette préoccupation constante du pied et de la chaussure des femmes qu'on remarque dans tous les écrits de l'auteur (Restif de la Bretonne). Cette monomanie ne l'a pas abandonné un seul jour.Nerval, les Illuminés, « Confidences de Nicolas », Dernière partie, II.3 Le vieil horloger s'en allait peu à peu. Ses facultés tendaient évidemment à s'amoindrir en se concentrant sur une pensée unique. Par une funeste association d'idées, il ramenait tout à sa monomanie (…)J. Verne, Maître Zacharius, p. 136.❖DÉR. Monomane.
Encyclopédie Universelle. 2012.